samedi 31 octobre 2009
Un point d'appui
La nature a horreur de la solitude et réclame quelque chose qui puisse servir d'appui ; il n'y en a pas de plus doux que l'amitié.
Cicéron, De amicitia, XXIII.
vendredi 30 octobre 2009
Que désirons-nous vraiment ?
Que désirons-nous vraiment ? Au fur et à mesure que j'essaie d'être à l'écoute de mes désirs les plus profonds et de ceux des autres, le mot qui semble le mieux décrire ces désirs du coeur humain est le mot "communion". Communion signifie "union avec". Dieu nous a donné un coeur qui ne trouvera pas de repos tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas trouvé la véritable communion. Nous la cherchons dans l'amitié, le mariage, la communauté. Nous la cherchons dans l'intimité sexuelle, les moments d'extase, la reconnaissance de nos dons. Nous la cherchons dans le succès, l'admiration, les récompenses. Mais où que nous cherchions, c'est la communion que nous désirons. (...)
C'est un désir qui vient de Dieu, qui nous occasionne à la fois de nombreuses souffrances et d'immenses joies. Jésus est venu proclamer que notre désir de communion n'est pas vain, mais qu'il sera satisfait par Celui qui l'a mis en nous. Nos moments furtifs de communion ne sont que de faibles aperçus de la communion promise par Dieu. Le véritable danger est de nous méfier de ce désir de communion. Ce désir nous vient de Dieu, sans qui notre vie perd sa vitalité, sans qui notre coeur se refroidit. Nous vivrons de façon vraiment spirituelle seulement lorsque nous aurons trouvé le repos dans l'étreinte de Celui qui est à la fois le Père et la Mère de tous les désirs.
Nous, les êtres humains, souffrons beaucoup. Plusieurs, sinon toutes nos souffrances viennent de nos relations avec ceux et celles qui nous aiment. Je suis toujours conscient que mes angoisses les plus intenses sont causées non pas par les évènements terribles rapportés dans les journaux ou la télévision, mais par mes relations avec ceux et celles qui partagent ma vie quotidienne. Les hommes et les femmes qui m'aiment et qui sont très proches de moi sont aussi ceux qui me blessent. A mesure que nous vieillissons, nous découvrons souvent que l'amour qu'on nous porte n'est pas toujours parfait. Ceux qui nous ont aimés ses sont souvent servis de nous. Ceux qui ont pris soin de nous nous ont aussi enviés. Ceux qui nous ont beaucoup donné attendaient parfois beaucoup en retour. Ceux qui nous ont protégés ont aussi voulu nous posséder à des moments cruciaux. Nous éprouvons souvent l'envie de démêler le pourquoi et le comment de nos blessures, et nous en arrivons trop souvent à la terrible conclusion que l'amour que nous avons reçu n'était pas aussi pur et simple que nous le croyions.
Il est important de nous arrêter pour réfléchir à tout cela, surtout quand nous sommes paralysés par la peur, les inquiétudes et les sombres désirs que nous ne comprenons pas.
Mais il ne suffit pas de comprendre nos blessures. En bout de ligne, nous devons trouver la liberté d'aller au-delà de nos blessures et le courage de pardonner à ceux et celles qui nous ont fait du mal. Le danger qui nous guette est de nous embourber dans la colère et la rancune. Nous nous mettons alors à vivre en "victime" qui se plaignent continuellement des injustices de la vie.
Jésus est venu nous délivrer de ces plaintes autodestructrices. Il dit : "Cessez de vous plaindre, pardonnez à ceux qui vous ont mal aimés, allez au-delà de vos sentiments de rejet, ayez le courage de croire que vous ne tomberez pas dans un abîme de néant mais dans les bras protecteurs de Dieu dont l'amour guérira toutes vos blessures". (...)
Plus je pense aux souffrances humaines de ce monde et à mon désir de les soulager, plus je prends conscience à quel point il est important de ne pas me laisser paralyser par des sentiments d'impuissance et de culpabilité. Il me faut plus que jamais être fidèle à ma vocation : je suis appelé à bien faire les petites choses qui me sont confiées et à goûter la joie et la paix qu'elles m'apportent. Je dois résister à la tentation de laisser les forces des ténèbres m'entraîner vers le désespoir et faire de moi une autre de leurs nombreuses victimes. Je dois garder mon regard fixé sur Jésus et sur ceux qui l'ont suivi, confiant que je saurai suivre pleinement ma mission : être dans le monde un signe d'espérance.
Henri Nouwen, Vivre sa foi au quotidien.
L'impression de distance
Même si je savais en moi-même qu'une partie sinon la presque totalité de ce que je ressentais était une pure projection et traduisait beaucoup plus mon état d'esprit que celui de Frank, je n'ai pu m'empêcher de me tourner vers Frank pour lui dire : "Où es-tu ? Tu es rendu ailleurs. J'espérais que nous pourrions avoir un bon échange et que nos adieux seraient chaleureux. Tu me sembles heureux que les vacances soient terminées".
Frank a réagi vivement. "N'essaie pas de nier la belle semaine que nous avons passé ensemble. Ne bousille pas toute ne réagissant comme tu le fais. C'est vrai que j'ai dû faire un téléphone et que je n'ai pas voulu prendre un café, mais tu en fais tout un plat pour rien. C'est simplement que j'éprouve de la difficulté à parler dans un aéroport".
Mon embarras n'avait d'égal que ma tristesse. Je ne voulais pas gaspiller la belle semaine que nous venions de vivre, mais voilà que nous étions en train de nous disputer pour rien.
Peu de temps avant que l'avion décolle, j'ai pu me ressaisir et remercier Frank pour son amitié. Mais j'étais encore très déçu et durant tout le voyage, je n'ai pas arrêté de songer à la difficulté que j'avais d'intégrer mes sentiments. Il faisait bon de se retrouver à la maison et même s'il a fallu m'atteler rapidement à la tâche de défaire mes bagages, de dépouiller mon courrier et de prendre connaissance des télécopies reçues, j'ai quand même continué à éprouver un sentiment inconfortable en pensant à la matinée.
Plus tard, Frank m'a appelé. Je lui ai demandé pardon et nous avons conversé longuement, ce qui m'a permis de me réconcilier avec la belle semaine que nous avions vécu. Au moment d'aller au lit, j'ai réalisé que, demain, l'évangile du jour parlait du pardon du cœur.
jeudi 29 octobre 2009
Ni sur la défensive, ni en colère
A cela, Nathan a réagi avec beaucoup d'amour. Il n'était ni sur la défensive ni en colère : il m'a simplement dit qu'il n'avait pu se douter de l'intensité de mes sentiments et qu'il voulait m'offrir son soutien chaque fois qu'il le pouvait. Il avait eu une semaine remplie, au contraire de la mienne, ponctuée de visites familiales et de conversations intenses. Il n'avait visiblement pas été sur la même longueur d'onde que moi et, bien sûr, il n'avait pu deviner mon angoisse. Notre conversation m'a fait pleinement apprécier les bienfaits de l'amitié. Mon sentiment de rejet, ma colère, ma dépression et mon angoisse se dissipent peu à peu comme, dans les champs, la neige fond au soleil. Je remercie le Seigneur.
mercredi 28 octobre 2009
Le fantôme intérieur
Heureusement, mes prières du soir m'ont apporté un peu de consolation. En les disant à voix haute - hurlant presque dans la maison déserte - j'ai recouvré, sans trop savoir comment, un tant soit peu de paix intérieure.
mardi 27 octobre 2009
La charité ne passera jamais
lundi 26 octobre 2009
Je t'aimais d'une amitié profane
dimanche 25 octobre 2009
Endurer les faiblesses de l'ami
Il ne faut jamais repousser l'amitié de quelqu'un qui entre en relations pour lier amitié ; non qu'il faille l'accueillir d'emblée, mais il faut souhaiter qu'on puisse lui faire accueil, et le traiter de façon à rendre la chose possible. Car on peut dire que celui-là a conquis notre amitié, à qui nous osons faire confidence de toutes nos intentions. Et s'il y en a un qui n'ose pas avancer pour lier amitié, parce qu'il est intimidé par la considération ou le rang dont nous jouirions dans le monde, il faut descendre jusqu'à lui, et lui offrir avec affabilité et modestie ce qu'il n'ose pas demander de lui-même. Sans doute arrive-t-il, assez rarement certes, mais tout de même quelquefois, qu'en celui dont nous avons l'intention d'agréer l'amitié, les mauvais côtés nous apparaissent avant les bons ; ils nous heurtent, ils nous repoussent, pour ainsi dire, et nous nous éloignons de la personne sans aller jusqu'à l'exploration de ses bons côtés, peut-être un peu masqués. Aussi le Seigneur Jésus-Christ, qui veut que nous devenions ses imitateurs, nous recommande d'endurer les faiblesses de cette personne, afin d'atteindre, par le support de la charité, quelques traits heureux dont le charme soit reposant. Car il dit : "Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades" (Mtt 9, 12). Et c'est pourquoi, empêchés par la charité du Christ de bannir de notre cœur celui-là même qui pourrait être malade à tous points de vue - parce qu'il peut être guéri par le Verbe de Dieu - combien moins faut-il repousser celui qui peut nous paraître entièrement gâté pour cette raison que nous avons été incapables de supporter, aux premières avances de l'amitié, certains de ses défauts, et pour celle-ci, plus grave, que nous nous sommes permis dans l'énervement de porter sur toute sa personne un jugement téméraire et préjugé, indifférents à ce qui est dit : "Ne jugez point, pour n'être pas jugés" et "On vous fera la même mesure que celle dont vous vous serez servis" (Mtt 7, 1-2).
samedi 24 octobre 2009
L'ami console
vendredi 23 octobre 2009
Epancher son coeur
jeudi 22 octobre 2009
Maintenez...
Maintenez donc, mes fils, l'amitié engagée avec vos frères : rien n'est plus beau parmi les réalités humaines. C'est un réconfort en cette vie, certes, que d'avoir à qui ouvrir son coeur, avec qui partager des choses cachées, à qui confier le secret de son coeur ; que de t'assurer un homme fidèle, pour te féliciter dans les jours heureux, compatir dans les jours tristes, t'encourager dans les persécutions. Quels bons amis les jeunes Hébreux que pas même la flamme de la fournaise ardente ne détacha de leur mutuel amour !
mercredi 21 octobre 2009
Quoi de comparable ?
Quoi de plus insensé cependant, quand on peut beaucoup par la richesse, les ressources, l'influence dont on dispose, que de se procurer des chevaux, des serviteurs, des beaux vêtements, des vases précieux, toutes choses qu'on a pour de l'argent, et ne pas se procurer des amis, comme s'il existait un objet mobilier comparable en valeur et en beauté au rôle de l'amitié dans la vie ? Les autres conquêtes que l'on fait, on ne sait jamais pour qui on les fait, pour qui l'on travaille, c'est le plus fort qui en restera maître, tandis que l'amitié pour chacun, une fois acquise, demeure une possession stable et sûre.
mardi 20 octobre 2009
Un partenariat spirituel
Il était bon de nous retrouver. Notre amitié s'approfondit et s'affermit avec le passage des ans. Borys, qui paraissait souvent épuisé et surmené, a maintenant l'air reposé et détendu. Nous avons pu apprécier combien chacun comptait pour l'autre. Quand Borys m'a dit : "Un jour, nous devrions voyager ensemble", j'ai deviné à quel point il lui manquait d'avoir un compagnon durant ses nombreux voyages, quelqu'un avec qui prier, parler, avec qui se retrouver, tout simplement. J'ai senti que j'avais développé avec lui un vrai partenariat spirituel, qui s'enrichissait constamment, et j'en éprouvais une grande reconnaissance.
Henri J. M. Nouwen, Journal de la dernière année, Editions Bellarmin 2004, p. 139
lundi 19 octobre 2009
J'aurais voulu...
Pourquoi me faudrait-il jamais penser ou dire quelque chose qui ne soit pas amour ? Pourquoi devrais-je abriter une rancune, ressentir haine ou jalousie, me montrer soupçonneux ? Pourquoi ne pas toujours donner et pardonner, encourager et élever, offrir remerciements et louange ? Pourquoi pas ?
dimanche 18 octobre 2009
Le sentiment d'abandon
J'ai appelé chez Nathan et laissé un message dans sa boîte vocale. Il m'a bientôt rappelé et a promis de me téléphoner de nouveau dans la soirée pour que nous ayons tout le temps voulu pour nous parler. Cet entretien a soulagé mon angoisse et je me suis senti en paix à nouveau. Personne ne pourra jamais guérir cette blessure, mais quand je peux en parler avec un bon ami, je me sens mieux. Que faire de cette intime blessure qui si aisément est heurtée et se remet à saigner ? Ce m'est une blessure si familière. Elle m'accompagne depuis bien des années. Je ne crois pas que cette blessure - cet immense besoin d'affection et cette immense crainte de rejet - me quitte jamais. Elle est là pour rester, mais peut-être pour une bonne raison. Elle est peut-être le porche de mon salut, la porte de la gloire et la voie de la liberté !
Je me rends compte que cette blessure m'est un don déguisé. Ces multiples expériences d'abandon, courtes mais intenses, me conduisent au lieu où j'apprends à délaisser ma crainte et à remettre mon esprit dans les mains de Celui dont l'accueil est sans limite. Je suis profondément reconnaissant envers Nathan et mes autres amis qui me connaissent et qui sont prêts à panser mes blessures de sorte que, au lieu de saigner à mort, je peux avancer vers la plénitude de la vie.
samedi 17 octobre 2009
Purifier l'amitié
Après le dîner, j'ai regardé avec Sue et Nathan le film Apollo 13, qui fait état des efforts déployés pour ramener sur terre sains et saufs trois astronautes, suite à l'échec de leur vol vers la lune. Au-delà du spectacle technologique, se profile une histoire touchant aux relations humaines et à la discipline qu'elles requièrent pour sauver des vies. Pendant que nous regardions le film, je me suis rendu compte que, d'une certaine façon, nous aussi sommes des astronautes dans un vaisseau spatial qui tentons de retrouver notre foyer. Je suppose que cette vérité s'applique à tous ceux qui prennent le risque de l'amitié.
Deux extrêmes
vendredi 16 octobre 2009
Une véritable discipline
Pendant mes neuf années à Daybreak, j'ai vécu avec eux des moments d'extase comme des moments d'agonie. Je me suis senti aussi bien rejeté que soutenu, abandonné qu'accepté, détesté qu'aimé. Par là, j'aurai appris que l'amitié demande une véritable discipline. Rien ne peut-être tenu pour acquis, rien n'arrive de façon automatique, rien ne naît sans un effort intense. L'amitié exige confiance, patience, prévenance, courage, repentir, indulgence, reconnaissance et, avant tout, fidélité. C'est avec stupéfaction que je constate combien souvent j'ai pensé que tout était fini, que Nathan et Sue m'avaient trahi ou délaissé, et avec quelle facilité des sentiments de jalousie, de rancune, de colère et de dépression m'avaient envahi. Il est encore plus étonnant de m'apercevoir que nous sommes encore des amis, oui, les meilleurs des amis. Mais il faut dire que chacun de nous a dû y mettre du sien.
jeudi 15 octobre 2009
Apparentés
samedi 10 octobre 2009
Une certaine parenté
Si vous êtes amis l'un de l'autre, c'est que votre nature vous apparente en quelque sorte l'un à l'autre. Nous reconnaissons qu'une certaine parenté de nature produit nécessairement l'amitié. Si ce qui est apparenté diffère de ce qui est semblable, alors, à ce qu'il me semble, ce qu'est l'amitié est à peu près établi.
Platon, Lysis, 221e à 222b-c.
mardi 6 octobre 2009
La constance de l'amitié
lundi 5 octobre 2009
Ne pas craindre d'en faire trop
La deuxième opinion consiste à chercher la mesure de l'amitié dans l'égalité des services rendus et du bon vouloir manifesté. C'est vraiment la soumettre à un calcul bien étroit, bien mesquin, que de tenir pareille comptabilité où dépenses et recettes devraient s'équilibrer. Je crois que l'amitié véritable est plus riche, plus prodigue, qu'elle n'examine pas minutieusement si elle ne rend pas plus qu'elle n'a reçu : elle ne ressemble pas à un moissonneur qui craint de laisser tomber, d'abandonner au sol, un peu de grain, elle ne redoute pas d'en trop faire.
samedi 3 octobre 2009
Une chose que j'ai toujours désirée
Depuis mon enfance, il est une chose que j'ai toujours désirée ; chacun a la science : pour l'un, ce sont les chevaux, pour un autre les chiens, pour un autre l'or ou les honneurs. Quant à moi, tous ces objets me laissent froid ; mais je désire passionnément acquérir des amis, et un bon ami me plairait infiniment plus que la plus belle caille du monde, le plus beau des coqs, voire même par Zeus, le plus beau des chevaux ou des chiens. Je crois, par le chien ! que je préférerais un ami à tous les trésors de Darius, tant je suis avide d'amitié.