Dans l'Evangile, il n'y a qu'un seul critère, une seule pierre de touche, une seule manière de vérifier la religion authentique, et c'est cette charité qui est un mystère de foi, cette charité qui nous fait découvrir dans un être limité, borné, répugnant, lépreux, antipathique, toute la grandeur, toute la fragilité du Dieu vivant.
Les révélations particulières foisonnent : il y a Beauraing, il y a Fatima, il y a la Salette, il y a Lourdes. Et je ne dis pas qu'il n'y ait pas eu dans chacun de ces lieux une intervention authentique de la miséricorde et de l'amour. Mais je dis : Attention ! Aucune des révélations ne lie notre foi, aucune. Nous ne sommes liés qu'à l'Evangile, nous ne sommes liés qu'à la tradition des Apôtres, et toute les révélations particulières y sont subordonnées.
Or, la révélation des Apôtres eux-mêmes est subordonnée ou plutôt elle es ordonnée à cet unique critère : "C'est à cela qu'on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 14, 34-35 ; 15, 12).
Voilà le critère de la foi, le critère de la vérité, aussi bien que le critère de la perfection. Tous les dogmes, toute l'Ecriture Sainte, tous les sacrements, toutes les apparitions, tous les pèlerinages, toutes les liturgies, finalement nous conduisent à ce point - ou bien sont en dehors de la vérité -, à cette rencontre avec Jésus sous le visage de l'homme.
Où voulez-vous prendre Dieu ? Il ne peut pas être ailleurs, il n'y a pas d'autre révélation que cette transparence, que cette transparence de l'homme à Dieu, quand l'homme dans la foi a été transfiguré et est devenu pour nous le Christ qui s'est identifié avec lui et qui nous dit : "C'est moi qui vous attendait et c'est moi que vous avez reçu".
N'ayons donc aucune inquiétude devant tout ce que nous pouvons lire dans les livres, devant tant d'exposés de la religion qui prétendent à s'imposer à nous. Nous serons toujours dans la droiture de la foi quand nous serons dans la vérité de l'amour.
Maurice Zundel, Silence Parole de Vie, Editions Anne Sigier 1990, p 158-159.