jeudi 31 décembre 2009

Intimité


Il est impossible de connaître l'homme autrement que dans la réciprocité et, dès que l'homme se sent traité en objet, il se ferme et se barricade contre l'indiscrétion d'autrui. Il se révolte contre le mépris qui le réduit au rang d'objet, il attend avec d'autant plus de violence l'amour qui lui ouvrira les portes de l'infini, en lui apportant justement une intimité à laquelle la sienne pourrait s'ouvrir.


Maurice Zundel, Silence Parole de Vie, Editions Anne Sigier 1990, p48.

mercredi 30 décembre 2009

Refuser d'aimer hypocritement


La charité n'est ni faible, ni aveugle. Elle est essentiellement prudente, juste, tempérée, et forte. Si toutes nos vertus ne se fondent en charité, notre amour n'est pas sincère. Quiconque veut vraiment aimer son frère refuse de l'aimer hypocritement. Si nous voulons aimer les autres, décidons-nous à les bien aimer, ou notre amour n'est qu'illusion.

Thomas Merton, Nul n'est une île, Editions du Seuil 1956, p21.

mardi 29 décembre 2009

Comment aimer sans blesser


Les autres sont comme nous. Ils sont en route, ils ont à se faire, à s'accomplir, à dépasser leurs limites, à se libérer comme nous de leur moi préfabriqué et passéiste. Et nous ne pouvons pas vivre sans les aimer. Comment les aimer dans la liberté, dans la transparence, sans nous blesser à leurs limites et sans les blesser par les nôtres ? Là encore, il faut vider nos centres, il faut nous installer à la racine de la vie d'autrui, à la racine de leur personnalité, il faut aller au bout de leur inconscient, en esprit, là où leur vie finit sa source aux yeux. Et quand nous les avons rejoints dans la lumière infinie, quand nous avons créé un espace illimité autour d'eux, alors nous pouvons les aimer sans réserve parce que nous les aimons dans leur devenir, nous les aimons dans leur avenir, nous les aimons dans l'infini pour les atteindre en un jour, comme nous-mêmes, si eux et nous sommes fidèles à notre vocation essentielle.


C'est dans la mesure où nous ne posons pas de limites en nous et les aidons, en nous affranchissant de nous-mêmes de nos frontières, à s'affranchir des leurs, c'est dans cette mesure que la communion entre les hommes, que les amitiés et les amours humaines peuvent se nouer et s'éterniser. Il est totalement impossible de se joindre et de joindre les autres sans passer par ce chemin de lumière et d'amour qui est le Dieu vivant caché au plus intime de nous.


Maurice Zundel, Vivre Dieu, Presses de la Renaissance, Paris 2007, p52-53

lundi 28 décembre 2009

Un amour fondé sur la vérité


Aimer quelqu'un, c'est vouloir son vrai bien. Un tel amour est fondé sur la vérité. L'amour qui ne distingue pas entre le bien et le mal mais aime aveuglément, pour aimer, est de la haine plutôt que de l'amour. L'amour aveugle est un amour égoïste, parce que son but n'est pas l'avantage de l'aimé, mais le plaisir d'aimer. Il prétend, cependant, chercher le bien de l'aimé. Mais comme il ne se soucie guère de la vérité et est très sûr de lui, c'est un amour égoïste. Il ne cherche pas le véritable bonheur de l'aimé, ni même le sien propre. Il ne s'intéresse pas à la vérité, mais à lui seul. Il se déclare satisfait d'un bien apparent : l'exercice de l'amour pour l'amour, sans considération de ses effets bons ou mauvais.


Thomas Merton, Nul n'est un île, Editions du Seuil 1956, p20.

lundi 21 décembre 2009

L'une des plus grandes richesses


Dans nos amitiés et à travers elles, nous grandissons et nous nous développons en tant qu’êtres humains. C’est précisément pour cela que la véritable amitié a été considérée depuis toujours comme l’une des plus grandes richesses dont puisse jouir l’être humain. C’est pourquoi il faut être attentif à ne pas banaliser le concept et l’expérience de l’amitié. Il serait regrettable que notre désir de consolider et développer des amitiés on-line se réalise au détriment de notre disponibilité envers la famille, envers les voisins et envers ceux que nous rencontrons dans notre existence quotidienne, sur notre lieu de travail, à l’école, pendant nos loisirs. En effet, lorsque le désir de connexion virtuelle devient obsessif, la conséquence en est que la personne s’isole, interrompant ainsi l’interaction sociale réelle. Cela finit par perturber aussi les modèles de repos, de silence et de réflexion nécessaires à un développement humain sain.

Benoît XVI, Message pour la 43ème journée mondiale des communications sociales.

dimanche 20 décembre 2009

Un bien humain important


L’amitié est un bien humain important, mais il serait privé de valeur, s’il était considéré comme une fin en soi. Les amis doivent se soutenir et s’encourager les uns les autres en développant leurs dons et leurs talents et en les mettant au service de la communauté humaine.

Benoît XVI, Message pour la 43ème journée des communications sociales.

samedi 19 décembre 2009

Un reflet de Dieu


Il n'y a rien de meilleur au monde que ces amitiés merveilleuses que Dieu éveille et qui sont comme le reflet de la gratuité et de la générosité de son amour.

Jacques Maritain. 

vendredi 18 décembre 2009

Accueillir quelqu'un


Accueillir quelqu’un, ce n’est pas le prendre pour l’étouffer ou le changer selon mes idées et ma façon de voir. Accueillir, c’est donner de l’espace à l’autre à l’intérieur de moi pour qu’il puisse m’apporter quelque chose, et par le fait même me transformer un peu.

L’accueil est une ouverture, une capacité et un désir d’évolution, de changement et de croissance. Si je crois que je sais tout et que je dois agir en seul maître, je n’accueille plus. Je n’admets pas que j’ai encore à grandir.

Dans l’accueil, il y a un  élément d’inattendu. Je n’agis plus en maître, je reçois ce qui m’est donné. Recevoir quelqu’un pour prendre dans ses idées ce qui peut n’enrichir et le rejeter quand il me dérange, ce n’est pas l’accueil. Accueillir, c’est s’exposer à un risque. Il y a un élément d’insécurité…

La vie est risque. L’amour est risque. C’est en risquant qu’on devient vivant et aimant. Et le fruit de ce risque, c’est la fidélité de l’amour, la tendresse éprouvée, la célébration d’une alliance, d’une amitié et d’une confiance mutuelle.

Jésus dit : « Celui qui accueille un de  ces petits enfants en mon nom m’accueille, et celui qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé ».

L’accueil est le chemin qui mène vers la libération du cœur, vers la vérité et vers Jésus. C’est le chemin  vers une société renouvelée, fondée sur l’amour.

Jean Vanier

jeudi 17 décembre 2009

La véritable amitié est...




La véritable amitié est pure.
Elle ne recherche aucune faveur en retour.
Elle élève celui qui la donne. La véritable amitié est généreuse.
Elle est plus forte que tous les préjugés.
Elle anoblit celui qui la donne.
La véritable amitié est fidèle.
Elle n’est pas altérée par le temps.
Elle honore celui qui la donne.
La véritable amitié est  tenace.
Elle est faite de loyauté et de franchise.
Elle grandit celui qui la donne.
La véritable amitié est magnanime.
Elle  ne pose aucune condition.
Elle embellit celui qui la donne.
La véritable amitié est absolue.
Elle n’est jamais donnée par miettes.
Elle fait honneur à celui qui la donne.
La véritable amitié est spontanée.
Elle ne fait l’objet d’aucun marchandage.
Elle récompense celui qui la donne.
La véritable amitié est sincère.
Elle ne pose pas de conditions.
Elle enrichit celui qui la donne.

Henri de Lacordaire, (1802-1861)

mercredi 16 décembre 2009

Dupes et éblouis


Nous sommes très souvent dupes du succès, éblouis par les galons, flattés par les titres, subjugués par l'argent. Nous nous grisons de paroles, nous quêtons les compliments, nous nous empressons auprès des gens arrivés pour qu'ils nous fassent la courte échelle.

Mais tout cela demeure extérieur à nous. Notre âme en sent le vide dès qu'elle se souvient d'elle-même. Ce qu'elle ne fait jamais aussi bien qu'en rencontrant dans un être un élan de véritable bonté.

Maurice Zundel, L'Evangile Intérieur, Editions Saint-Augustin 1997, p 103.

mardi 15 décembre 2009

Un seul critère de vie chrétienne


Dans l'Evangile, il n'y a qu'un seul critère, une seule pierre de touche, une seule manière de vérifier la religion authentique, et c'est cette charité qui est un mystère de foi, cette charité qui nous fait découvrir dans un être limité, borné, répugnant, lépreux, antipathique, toute la grandeur, toute la fragilité du Dieu vivant.

Les révélations particulières foisonnent : il y a Beauraing, il y a Fatima, il y a la Salette, il y a Lourdes. Et je ne dis pas qu'il n'y ait pas eu dans chacun de ces lieux une intervention authentique de la miséricorde et de l'amour. Mais je dis : Attention ! Aucune des révélations ne lie notre foi, aucune. Nous ne sommes liés qu'à l'Evangile, nous ne sommes liés qu'à la tradition des Apôtres, et toute les révélations particulières y sont subordonnées.

Or, la révélation des Apôtres eux-mêmes est subordonnée ou plutôt elle es ordonnée à cet unique critère : "C'est à cela qu'on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 14, 34-35 ; 15, 12).

Voilà le critère de la foi, le critère de la vérité, aussi bien que le critère de la perfection. Tous les dogmes, toute l'Ecriture Sainte, tous les sacrements, toutes les apparitions, tous les pèlerinages, toutes les liturgies, finalement nous conduisent à ce point - ou bien sont en dehors de la vérité -, à cette rencontre avec Jésus sous le visage de l'homme.

Où voulez-vous prendre Dieu ? Il ne peut pas être ailleurs, il n'y a pas d'autre révélation que cette transparence, que cette transparence de l'homme à Dieu, quand l'homme dans la foi a été transfiguré et est devenu pour nous le Christ qui s'est identifié avec lui et qui nous dit : "C'est moi qui vous attendait et c'est moi que vous avez reçu".

N'ayons donc aucune inquiétude devant tout ce que nous pouvons lire dans les livres, devant tant d'exposés de la religion qui prétendent à s'imposer à nous. Nous serons toujours dans la droiture de la foi quand nous serons dans la vérité de l'amour.


Maurice Zundel, Silence Parole de Vie, Editions Anne Sigier 1990, p 158-159.

lundi 14 décembre 2009

Jésus sait l'importance de l'amitié


Jésus, le Verbe fait chair, sait l'importance de l'amitié. Elle est au cœur de son message : il veut devenir l'ami de chacun pour que nous devenions amis de Dieu.

Jean Vanier, Entrer dans le mystère de Jésus.

dimanche 13 décembre 2009

Un trésor et un fondement


L'amitié est une réalité profondément humaine, trésor de chaque personne et fondement de la communauté. Des amis ont une même sensibilité, ils cherchent ensemble un sens à leur vie. L'amitié est fidélité.

Jean Vanier, Entrer dans le mystère de Jésus.

samedi 12 décembre 2009

Nous avons besoin


Nous avons besoins d’un ami, de quelqu’un en qui nous puissions avoir confiance, quelqu’un avec qui nous puissions avoir un lien profond et partager notre faiblesse et nos secrets.

Jean Vanier, Vivre une alliance dans les foyers de L'Arche.

vendredi 11 décembre 2009

Autre chose que la générosité



L'amitié et la communion des cœurs ne sont pas la même chose que la générosité. Dans la générosité, je garde l'initiative, je décide de ce que je donne. L'amitié, elle, implique une certaine égalité; nous devenons frères et sœurs, présents et vulnérables les uns aux autres.

Jean Vanier, Intervention au Congrès Eucharistique International de Québec, 16 juin 2008.

vendredi 4 décembre 2009

Etre un ostensoir de l'amour


"Que tous soient un en nous, comme Vous et Moi nous sommes un" (Jean 17, 21-22).

Dieu est l'altruisme subsistant, la charité est son nom.

Nous ne pouvons appliquer le nom de charité aux relations humaines que dans la mesure où, devenus intérieurs à Dieu, nous le sommes également à nos frères.


Notre âme est un univers : la leur ne l'est pas moins. Chacune peut devenir un foyer où la création se recueille et d'où toute vie resurgit : ennoblie et purifiée au contact du premier Amour.

C'est en ce centre mystérieux que réside leur personnalité, c'est là qu'ils vivent réellement. Tant que nous n'essayons pas de les joindre au dedans à travers Dieu dont la tendresse seule les fait exister, tant que leur fonction ou leur apparence suffit à les définir à nos yeux, nous leur refusons l'être.


La sévérité du Christ pour les abus de parole et de jugement s'explique en cette lumière. Dire à son frère : raca ou fou, c'est le prendre par le dehors, c'est méconnaître son âme et sa dignité d'homme, c'est déjà commettre ce refus d'être qui empêche la vie de s'accomplir.

Ah ! Comment ne pas sentir en soi toutes les possibilités qu'il porte en lui ?


Il n'est pas encore peut-être, mais il devient, il n'est point fixé dans un état immuable, et un changement imperceptible peut suffire à l'orienter pour toujours vers le bien.


Il faudrait qu'il ne nous quittât jamais sans connaître mieux les richesses de sa vie.


Il ne s'agit pas, sans doute, d'éprouver pour le premier venu cet élan qui nous fait sentir notre unité avec les êtres dont le sang ou l'amitié nous rendent solidaires. Ceci ne dépend point de nous et ne peut jaillir à volonté.


Nous ne pouvons feindre cette joie ou ces déchirements qui identifient toutes nos fibres au rythme d'un être avec lequel le nôtre se confond.

Il n'est question ici, que de l'effort qui doit résulter d'une vision théocentrique, comme est celle dont l'Evangile est la source.


Ce n'est rien de donner à un homme tous nos biens, si notre coeur n'est pour lui l'ostensoir de l'Amour, qui peut seul exorciser par son infinité même l'attrait des séductions, dont un certain sens du réel est en lui, fatalement complice : tant que l'Être en nous ne luit point dans une lumière accessible à son cœur.


Maurice Zundel, Recherche de la personne, Editions Desclée, Paris 1990, p 261-262.

Tu garderas

Tu garderas la moitié de mon âme.

Horace priant pour son ami.

jeudi 3 décembre 2009

La même âme


L'amitié fait ou admet l'autre comme un égal. Là où il y a inégalité, où l'un domine l'autre du haut de sa supériorité, il n'y a pas tant amitié que flatterie. Aussi lisons-nous ailleurs : que l'ami soit la même âme !

Jérôme de Stridon, In Michaeam, II, 7, 6-7.

mercredi 2 décembre 2009

L'amitié vraie


L'amitié vraie est cimentée par le Christ. Ce n'est ni l'utilité de la propriété familiale, ni la flatterie trompeuse et caressante qui créent les liens d'amitié, mais bien la crainte de Dieu et l'étude de l'Ecriture Sainte.

Jérôme de Stridon, Lettre à Paulin.

mardi 1 décembre 2009

Le devoir du service rendu


Respecte ton ami comme un égal, n'aie pas honte de devancer ton ami par le devoir du service rendu ; l'amitié en effet ignore l'orgueil. Le respect est caractéristique de l'amour, de sorte que celui qui hait soulève des plaintes, alors que celui qui aime respecte son ami.

Ambroise de Milan, De officii, III, XXII, 129.