jeudi 8 janvier 2009

Le prix de l'amitié


L'amitié conduit parfois à vivre des choses difficiles. Dimanche dernier, avant d'aller dormir, je relève ma boîte e-mails et tombe sur deux courriels importants. Dans le premier un ami demandait à me parler de toute urgence. Dans le second, sa meilleure amie me prévenait de son état inquiétant.

Je le contacte donc et il m'annonce qu'il veut mettre fin à ses jours le lendemain. Il voulait prendre le temps de me dire adieu. J'ai tenté de le raisonner, de lui faire changer d'avis, mais en vain. Il restait imperméable à tout ce que je pouvais dire, y compris l'affection que j'ai pour lui. Après quarante-cinq minutes, je le laisse et vais dormir, avec la conviction de n'être arrivé à rien.

Le lendemain matin, son amie et moi sommes convaincus que nous devons prévenir ses parents pour les alerter et qu'ils puissent être vigilants puisqu'il séjourne chez eux. Nous le faisons en redoutant de perdre son amitié. Mais notre peur est plus grande encore de le perdre, lui, parce que nous l'aimons.

Notre intervention n'empêchera pas notre ami de faire une tentative de suicide dans l'après-midi. A plusieurs centaines de kilomètres de lui, ces évènements me rongent. Je me sens trop loin, j'aimerais être là. La prière est une action importante, mais j'aimerais être à ses côtés et venir en aide aussi à ses parents. Jamais je ne me suis senti autant dans l'incapacité de faire quelque chose de concret. Même si la prière c'est peut-être plus concret qu'on ne le croit. J'ai beau remettre tout cela dans les mains de Dieu, je n'arrive pas à ne pas être inquiet.

Alerté de son état dépressif, les parents le découvrent inanimé. Hospitalisé, ses jours ne sont plus en danger. Je me retrouve alors sans moyen pour le contacter. La distance se fait plus grande. J'ai l'impression de tourner dans ma cage.

Heureusement, il y a son amie qui me tient au courant de l'évolution de la situation. Je ne la connaissais pas ou peu, et j'ai l'impression que depuis une réelle amitié s'est créée entre nous. Si nous nous voyons un jour, ce sera une joie.

Il est revenu à la vie. Et il est revenu avec un poids en moins. Sa tentative a été l'occasion de révélé un lourd secret, de mettre fin à des années de mensonge ou de cache-cache. Il se dit heureux et ému de ce que nous avons fait pour lui. Il a réalisé combien il compte pour nous.

Ce fut pour nous ses amis, un moment difficile à vivre. Mais après coup nous sommes heureux d'avoir pu l'aider. Être un ami, c'est peut-être être là aux pires heures, celles de l'angoisse et de la solitude.

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