vendredi 30 janvier 2009

L'aveu et l'espoir


Quand un amant veut faire partager sa passion, il songe à tous les moyens en son pouvoir de déclarer son amour et d'en découvrir les transports: il prend les dehors de la justice, afin d'avoir le droit de réclamer comme une dette la sympathie du cœur qu'il veut séduire; sa passion s'avive et s'enflamme, en voyant troublée du même feu la personne dont il convoite la possession; tant il est vrai que la sympathie fait sortir un cœur froid de son indifférence et redouble l'amour en celui qui déjà en éprouvait les ardeurs! Il est donc bien évident que rien ne contribue davantage à faire naître ou à développer l'amour que l'aveu de ce sentiment, l'espoir qu'il sera partagé, les avances de celui qui l'éprouve le premier. Combien ce caractère de l'amour empreint dans les liaisons les plus criminelles est-il plus sensible dans l'amitié! N'évitons-nous pas avant tout de déplaire à un ami, dans la crainte de lui laisser croire que nous ne l'aimons pas ou que notre amitié est moins vive que la sienne? S'il le croyait, en effet, il mettrait plus de réserve et de froideur dans ces rapports intimes que l'amitié crée entre les hommes; et, quand il ne pousserait pas la faiblesse jusqu'à laisser toute sa sympathie se refroidir à cause de cette offense, il se renfermerait dans une amitié où le calcul supprimerait les épanchements du cœur.


Saint Augustin, Traité du catéchisme, chapitre IV.

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